Frank J. Millich

Frank J. Millich (FJM), troisième d’une nichée de six enfants, est né au moment du déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, qui a entrainé, quatre ans plus tard, l’évacuation forcée de sa famille, de sa ville natale, Zara, en Dalmatie. Elle y vivait depuis des générations et y avait acquis une solide réputation de bâtisseurs et de commerçants en matériaux de construction. Cette ville de 24.000 habitants allait être entièrement détruite pour en chasser la population italienne et être ensuite occupée par les féroces partisans communistes yougoslaves qui la renommèrent Zadar. La plupart des miraculés des massacres fuirent vers la péninsule italienne et devinrent des réfugiés dans leur propre pays. Une minorité demeura sur place, sous un régime communiste, ce qui changea radicalement le cours de leur vie.

La famille de FJM entama une dramatique errance dans une Italie en ruines, avec les Allemands en retraite vers le nord, détruisant presque tout sur leur passage, et les Américains à leur poursuite, complétant l’œuvre de destruction. La vision effroyable de la violence extrème qu’est la guerre, les bombardements des populations sans défense, les rues des villes sinistrées encombrées de gravats, des hommes, des femmes et des enfants hagards sur les décombres de leurs maisons éventrées, cherchant à récupérer à mains nues une casserole, quelques couverts, une photo de famille, et en sursautant de terreur au bruit infernal d’un pont ou d’une maison dynamités, tout cela est resté gravé à jamais dans la mémoire de l’enfant, sinistre témoignage de la sauvagerie dont l’humanité est capable.

La vie du jeune Frank fut fortement secouée par ces visions apocalyptiques alors que la précarité de la situation de sa famille allait perdurer pendant de nombreuses années au cours de la reconstruction du pays. Il en éprouva un besoin constant de paix, de stabilité et de sécurité qui l’a accompagné sa vie durant. Un idéal conservateur, bien sûr, qui l’oppose depuis à toute idéologie révolutionnaire, sans toutefois l’empêcher de prôner une évolution raisonnable et raisonnée de la société.

Pour contribuer à payer ses études pendant ses années au lycée et à l’Université, FJM a exercé divers emplois temporaires, profitant du silence de la nuit pour préparer ses examens. Il fut, entre autres, enseignant d’Anglais et de Maths, interprète, traducteur, et même représentant de commerce.

A l’âge de16 ans, souffrant d’un complexe d’infériorité en raison de sa maigreur (65 kg pour 185 cm) il s’employa à le vaincre après avoir vu un film hollywoodien avec Steve Reeves, le Mr. Muscle de l’époque. Il fabriqua ses bancs, ses barres d’acier et ses disques de fonte, coulés pour lui par une fonderie locale, et commença son entrainement intensif avec l’aide d’un professeur de gymnastique. En l’espace d’une année, il réussit à se forger un physique d’athlète et se débarrassa à jamais de son complexe. Il fut champion au lancé du disque et du poids. Il comprit alors qu’il avait un deuxième don, l’ambition. Il découvrit aussi ce que Arnold Schwarzenegger appelle « l’orgasme permanent », à savoir le plaisir euphorique, continu que procure l’exercice physique intensif, le Body Building, qui stimule la sécrétion par l’organisme de l’endorphine, une hormone naturelle, vrai vecteur de bien-être, d’optimisme et de santé. La pratique de cette discipline sportive ne l’abandonna jamais, et aujourd’hui encore il s’entraine une ou deux fois par semaine, avec des poids sensiblement moins lourds, naturellement, car les années s’additionnent sans la moindre clémence.

Une opportunité déterminante pour sa vie future s’est présentée à lui à l’âge de 17 ans: un séjour d’une année à Baltimore, aux Etats-Unis, grâce à un programme de bourses internationales. Cette expérience américaine a joué, en effet, un rôle majeur dans le choix de sa carrière professionnelle, l’amenant à travailler pendant 32 ans au sein d’une organisation internationale, le Conseil de l’Europe. Il y exerça des fonctions de juriste/économiste dans le système de contrôle de l’application des normes sociales internationales établies par la Charte Sociale Européenne. Cela comportait notamment la rédaction chaque année de centaines de pages d’études de caractère juridique, économique et social, qu’il présentait à une commission d’experts internationaux.

D’un naturel romantique, Frank est tombé amoureux à l’âge de 16 ans d’une jolie jeune fille avant même de l’avoir vue, car, passant sous son balcon un soir, il l’avait entendue jouer au piano le « Rêve d’amour » de Liszt. Ce fut un vrai « coup de foudre ». Quelques années plus tard la pianiste est devenue sa femme et lui a donné deux magnifiques garçons. Leur mariage a résisté à l’épreuve du temps. Ensemble ils ont dessiné les plans de leur grande maison, près de Strasbourg, dans laquelle Madame a même donné des concerts pour une soixantaine d’invités, accompagnée parfois par des musiciens de l’Orchestre Philarmonique de Strasbourg.

Quant à l’écriture, FJM a dû attendre sa retraite pour entamer la rédaction de son premier véritable ouvrage, « NAD, l’Enfant de la Cité Perdue ». L’élément déclencheur fut sa rencontre avec un livre et une image, celle d’un jeune Néandertalien figurant sur la couverture d’un livre de la paléoanthropologue Marylène Patou-Mathis : « NEANDERTHAL, Une Autre Humanité », paru il y a une dizaine d’années chez Perrin. Le portrait si vivant de ce garçon mort il y a plus de trente mille ans, avait été admirablement reconstitué par un laboratoire parisien d’après sa boîte crânienne retrouvée lors d’une fouille. FJM en fut tellement ému qu’il décida aussitôt de lui redonner vie dans notre monde actuel par l’écriture, en s’appuyant sur les connaissances de la biologie moderne. Au cours de ce processus très délicat, l’auteur s’était demandé si le jeune Nad s’adapterait à notre société très évoluée et pourtant pleine de failles. Il n’avait pas suffisamment réfléchi au genre d’accueil que notre société aurait réservé à un étranger à la morphologie atypique. Un vrai problème d’actualité.